Par Véronique Cantrel, le 12 avril 2016

Les Aventures de Manon et Lucas : l’histoire d’une maman décidée à faire connaître le "Facile à lire et à comprendre" et à offrir des livres à des jeunes qui en sont privés

Maman d’un ado déficient intellectuel, je ne trouvais pas dans la littérature « jeunesse » de livre adapté à son niveau de lecture de CP et à ses goûts d’ado. Après en avoir discuté avec des amies ayant des jeunes de l’âge de Christophe et ayant fait le même constat, je me suis dit mais pourquoi ne pas leur créer des livres adaptés en « Facile à lire et à comprendre ».

Cependant, on ne s’improvise pas écrivain et si je n’avais pas fait de merveilleuses rencontres, cette idée ne serait jamais devenue réalité. La première fut celle de mon amie Emmanuelle KOHL, biographe, emballée par mon idée, qui m’a dit banco, je vais t’écrire bénévolement une histoire. Quelques semaines plus tard, les Aventures de Manon et Lucas, dans leur « version classique » étaient nées. Cette version, je l’ai ensuite transcrite en « Facile à lire et à comprendre » (FALC) selon les règles édictées par l’Unapei. Commence alors, une période d’espoir et de doute à la recherche d’un éditeur… Notre projet trop novateur, n’intéressait personne : « votre projet est une niche. Il n’y aura pas suffisamment de lecteurs. Ce n’est pas rentable. Il s’adresse à des personnes handicapées, ce n’est pas porteur !!!»

Après un an de déboires au bord du désespoir, nous allions abandonner quand j’ai croisé sur ma route, Alain Potier, alors Président du LIONS CLUB de Rueil-Malmaison et qui m’a dit le LIONS finance des projets visant à encourager la lecture alors pourquoi pas celui-ci. Un budget est voté par le LIONS CLUB et une association (FALEAC) est créée pour nous permettre de nous autoéditer. S’ouvre alors une année de travail car l’édition d’un livre, ce n’est pas « facile à lire et à comprendre »...

Nouvelle rencontre, celle d’Aurélia Rivage qui va réaliser les illustrations (éléments indispensables à la compréhension) puis le maquettage. Et, après les quelques mois de relecture et de cadrage, notre ouvrage les Aventures de Manon et Lucas – Vol de bonbons à la colonie avec sur la page de gauche « la version classique » et sur la page de droite celle en « FALC » prend le chemin de l’imprimeur. Dix jours, plus tard, le facteur me livre les 10 exemplaires « test » et quelle émotion lorsque j’ouvre le paquet et que je découvre le livre. Mais, l’émotion est encore plus intense quand mon fils, 1er testeur, est capable pour la 1ère fois de me raconter l’histoire qu’il vient de lire. Ses copains du Club de Loisirs de l’APEI Rueil-Nanterre sont tout aussi emballés et leurs parents aussi. L’ouvrage dans sa version définitive sort des presses le 17 mars 2014, quelques jours avant le Salon du livre de Paris. Cette belle aventure, commencée en 2011, s’achèvera dans des larmes de joie, le 24 novembre 2015, lorsque je reçois le prix Handilivres 2015 des mains de Ségolène NEUVILLE, secrétaire d’état aux personnes handicapées. Mais, entre temps, ce sont :

  • 700 ventes avec comme seul réseau de diffusion notre site internet et celui de Virginie Brivady,
  • des articles dans des revues comme « Vivre Ensemble » et « Orthomagazine »
  • les Victoires de l’accessibilité Ile de France

Et, surtout, beaucoup de bouche à oreille via internet, des livres envoyés dans toute la France mais aussi au Canada, en Suisse, en Belgique et même en Chine. Eh ! Oui, de jeunes chinois apprennent le français avec les Aventures de Manon et Lucas. Traduit en braille, il fait aussi la joie des jeunes aveugles. Et que dire des jeunes sourds, des étrangers qui apprennent le français ou des élèves de primaire dont la lecture n’est pas leur tasse de thé…Tous plébiscitent Les Aventures de Manon et Lucas.

Ce bel enthousiasme a fini par convaincre un éditeur Yvelinédition. L’aventure continue donc avec le tome 2 « Les Aventures de Manon et Lucas dans la savane » qui sera je l’espère suivi de toute une collection pour que nos jeunes puissent enfin avoir le plaisir de lire sur leur lit ou reçoivent des livres en cadeau. En effet, qui penserait à acheter un livre à un jeune en difficulté d’apprentissage de la lecture ? Personne.

 

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