Par Pr Folk, le 3 juillet 2018

Résultats d’une recherche-action: Troubles du comportement et handicap mental sévère

 

Les personnes ayant un handicap mental sévère ont plus de risques de présenter des troubles du comportement comparativement à la population générale. Ils s’expriment par de la « violence » envers les autres ou envers elles-mêmes, la destruction d’objets ou au contraire le repli sur elles-mêmes, des stéréotypies exacerbées…

Trop souvent, les solutions institutionnelles apportées sont la prescription de psychotropes sur le long terme sans réévaluation, la mise en sécurité en hôpital psychiatrique, le retour au domicile des parents, la contention physique momentanée ou prolongée… Si certaines de ces solutions sont parfois transitoirement nécessaires, elles peuvent conduire les équipes à ne pas rechercher suffisamment l’origine de ces manifestations.

La recherche-action réalisée par le Réseau-Lucioles a analysé a posteriori le parcours de 25 personnes dont les troubles du comportement ont été réduits. Elle décrit les causes et les solutions jugées efficaces par les professionnels et les familles. Elle apporte des recommandations prioritaires destinées aux établissements et aux familles tant pour la prévention des troubles que pour la gestion des crises.

Des causes multiples aux troubles du comportement

  • Le manque de moyens de communication pour pouvoir dire, demander, choisir, comprendre, anticiper,  négocier ;
  • Une  difficulté à vivre  les changements, les refus, les frustrations, l’attente ;
  • Un manque d’activités, d’activités  adaptées ou en adéquation avec les goûts de la personne ;
  • Des troubles du sommeil (cause ou conséquence des troubles du  comportement ?) ;
  • Des troubles  somatiques difficiles à  diagnostiquer et à localiser pour des  personnes  qui n’ont   pas accès à la parole ou à un mode de  communication  explicite ;
  • Une hypersensibilité sensorielle (au bruit, à la promiscuité, à l’étroitesse des  espaces, au toucher ...) ;
  • Une difficulté face à la séparation d’avec les parents ou due à l’éloignement de la famille.

Les recommandations issues de l’étude

En cas de comportements-problèmes :

  • Rechercher en premier lieu une cause somatique. La  douleur est une des raisons majeures de la manifestation de troubles, particulièrement pour les  personnes qui ne peuvent pas s’exprimer clairement.

Pour prévenir et mieux accompagner les troubles du comportement :

  • Mettre en place des aides à la communication adaptées à chaque personne;  celles-ci contribuent grandement à la réduction des troubles du  comportement ;
  • Evaluer les compétences et difficultés de chaque  résident (cognitives,  communicationnelle, socio-émotionnelle, ses caractéristiques cliniques et médicales  sans oublier les particularités sensorielles) et connaitre ses préférences personnelles et besoins fondamentaux ;
  • Mettre en actes  un réel  accordage et une co-construction de solutions entre  familles et professionnels ;
  • Chercher à comprendre les causes des éventuels troubles du sommeil avec la famille et le médecin ;
  • Développer  des activités  (individuelles et collectives, physiques, éducatives,  culturelles, de loisir...) en accord avec les goûts, le rythme, le choix de chaque personne ;
  • Promouvoir dans les établissements des formations à l’approche des «comportements-problèmes » ainsi qu’à la mise en œuvre coordonnée d’une  éducation structurée ;
  • Recourir à des intervenants extérieurs (formateurs, coach, équipes mobiles...) ;
  • Remettre en cause  très régulièrement les traitements psychotropes  mis en  place contre les comportements-problèmes dans l’optique de baisse  thérapeutique ;
  • Mettre en place des  indicateurs de « santé de l’établissement »  par une  évaluation annuelle de l’accompagnement par les professionnels et les résidents ou leurs représentants (sur la base des thèmes des recommandations prioritaires  ci- dessus) ;
  • Développer l’accompagnement du corps : Celui- ci est notre media à tous  pour l’imprégnation et l’appropriation de tout ce que nous découvrons, apprenons et vivons. Chez la personne handicapée ce corps est malheureusement peu  mobilisé et aurait grand besoin de  l’être ;
  • Mutualiser les expériences entre établissements, entre parents et professionnels sur les  difficultés rencontrées et ce que chacun a mis en œuvre avec plus ou moins de succès.

Autres recommandations :

  • Faire évoluer la formation initiale des futurs professionnels du médico-social  (équipe éducative, paramédicaux et soignants) et futurs professionnels de santé en intégrant des modules sur le handicap (accompagnement et soin) ;
  • Faciliter l’accès des parents aux formations ;
  • Créer des petites équipes pluridisciplinaires mobiles, pouvant intervenir de  manière ponctuelle dans des situations de crise, en travaillant sur les lieux mêmes de ces crises.

 

Consultez le résumé du rapport d’étude

Consultez le rapport de l’étude

Consulter les rapports de l’ANESM : Les «Comportements-problèmes » : prévention et réponses (Volet 1 & 2, décembre 2016) - Les espaces de calme - retrait  et d’apaisement (Volet 3, janvier 2017).

 

Source : Réseau-Lucioles

 

Ajouter un commentaire

Comments powered by LudwigDisqus for ModX